Depuis 2018, le Boom du CBD aux USA

Le boom du CBD aux USA, est très récent. Depuis la signature du “Farm bill” par Donald Trump en 2018, le chanvre et le CBD sont en plein essor. La légalisation du CBD, propulse l’industrie du cannabis “légal”. À condition que la plante ne dépasse pas les 0,3 % de THC.

La demande de CBD est si forte que les entreprises se bousculent pour en infuser leurs produits. On le retrouve à peu près, dans tout et n’importe quoi, des huiles, des pastilles, des baumes, des e-liquides, des huiles pour les animaux, des patchs pour les sportifs, des bonbons, des chewing gum, des suppositoires, des boissons, des infusions, et même du chocolat.

En 2018, les ventes de produits à base de CBD aux États-Unis ont été estimées entre 600 millions et 2 milliards de dollars américains, selon la société de recherche en investissement Cowen.

La banque prévoit de manière prudente que les ventes atteindront 16 milliards de dollars d’ici 2025.

Le marché actuel et l’approvisionnement des plantes aux laboratoires, ainsi que l’extraction restent encore très jeunes et soulèvent de nombreux problèmes.

L’industrie naissante tente de résoudre ces problèmes au moment même où la demande explose, c’est un vrai boom du CBD qui se met en place aux USA, coinçant les consommateurs qui essaient tant bien que mal de distinguer les bons produits des mauvais.

2 dates clefs sur le boom du CBD aux USA

La production du chanvre industriel nécessaire pour répondre à la demande pose d’énormes problèmes“, a déclaré George Weiblen, professeur à l’université du Minnesota, qui étudie le cannabis depuis 2002. “Ce n’est pas aussi simple que de faire pousser des tomates. Ce n’est tout simplement pas le cas. … La possibilité d’échouer à produire des extraits de cannabis de qualité est énorme.”

  • 1970 : la production ainsi que la vente de chanvre et de CBD sont interdites par la loi fédérale.
  • Décembre 2018 : Signature du « Farm Bill ». La loi légalise le chanvre et le CBD qui en est issu, à condition que la plante ne contienne pas plus de 0,3 % de THC.

Espoirs et dangers du boom du CBD aux USA

Le boom du CBD aux USA. Le cannabis "légal" dépasserait les 16 milliards de dollars en 2025.

” Il faut que tout soit parti en juin pour laisser la place aux tomates ! , souri Gail Hepworth en regardant ces caisses de fleurs de chanvre, empilées dans une immense salle de stockage à l’arrière de sa ferme.

À Hepworth Farms, dans le cœur rural de l’État de New York, aux États-Unis, Gail et sa sœur jumelle Amy sont aux prémices d’une révolution.

En plus des tomates, concombres, choux-fleurs et autres fruits et légumes, ces deux jeunes agricultrices ont décidé d’engager la ferme familiale fondée au 19e siècle dans la culture de chanvre.

Contrairement au tétrahydrocannabinol (THC), également contenu dans le chanvre, le CBD ne donne pas la sensation de « planer » à ceux qui le consomment.

Au contraire, doté de propriétés anti-­inflammatoires et anxiolytiques, il est associé à plusieurs bienfaits thérapeutiques. D’après de nombreuses études, il permettrait ainsi de lutter contre le stress, l’anxiété, la douleur, les nausées et d’autres maux très répandus dans nos civilisations occidentales.

Les autorités américaines complètement dépassés par le phénomène

FDA, la Food and Drug Administration aux États-Unis, se donne pour objectif de réguler le marché du CBD, en plein boom aux USA depuis 2018.

La légalisation du chanvre par Donald Trump en décembre 2018 a rendu les produits au CBD, qui existaient déjà, beaucoup plus accessibles.

Des chaînes entières, des boutiques en ligne et des supermarchés, se sont mis en place sur tout le continent pour vendre à tour de bras, ces produits aux CBD.

Cependant, aucun produit fini au CBD n’a été formellement approuvé par la FDA (food and Drug Administration), l’administration chargée de la santé, qui a plutôt été prise de court par cette ruée vert l’or vert.

Seul l’Epidiolex, un médicament développé pour traiter deux formes rares d’épilepsie chez les enfants, a été validé par les autorités américaines.

« Notre système de santé est affreux. Les consommateurs cherchent des alternatives aux médicaments traditionnels, qui génèrent beaucoup d’effets secondaires »

Estime Claire McCormack, rédactrice dans le média numérique Beauty Independent.

Le CBD : un espoir pour les consommateurs avisés ?

Installée entre l’Iowa et le Colorado, la famille Campbell s’est laissée tenter par l’aventure. Beth, mère célibataire d’un garçon autiste qui faisait des crises de panique et souffrait de troubles du sommeil, a ainsi décidé de tester des produits au CBD.

Découvrant des effets positifs sur elle et son enfant, elle a converti son père, Richard, un ancien chauffeur de bus qui souffre de douleurs articulaires.

« J’ai beaucoup moins mal depuis. J’ai pu devenir plus actif, perdre du poids », explique l’homme de 67 ans. Beth ne peut retenir quelques larmes en parlant du CBD. « Ça a amélioré la qualité de vie de notre famille. Mon fils peut enfin être lui-même. Musicien, il avait peur de monter sur scène. Ce n’est plus le cas maintenant. Cela m’a donné de l’espoir. »

CBD : La ruée vers l’or vert

Depuis le boom du CBD aux USA, en 2018, les agriculteurs en difficultés se sont retranchés derrière la culture du chanvre industriel, en espérant pouvoir enfin se refaire une santé.

Entrepreneurs, agriculteurs et acteurs de ce marché en plein essor, attendent encore de savoir les détails de la réglementation du marché.

En novembre 2019, la FDA a fait part de son inquiétude quant à la conséquence de prises répétées de CBD sur des « populations vulnérables comme les enfants ou les femmes enceintes ou allaitantes » et mis en garde les consommateurs.

La ville de New York, où les boutiques spécialisées dans le CBD (Hemp Garden, Standard Dose, Artemis…) se multiplient, a récemment interdit aux restaurants et aux bars de servir des produits comestibles à base de CBD, comme des thés, des cocktails ou des cafés saupoudrés au cannabidiol.

Il existe cependant une forte demande des acteurs pour une régulation claire du marché. ” Tout le monde veut entrer dans ce business. Mais les trois quarts des acteurs ne savent pas ce qu’ils font ” souligne Arnaud Dumas de Rauly, PDG de Blinc Group, une société d’accessoires de vapotage.

Problèmes dans la chaine d’approvisionnement du CBD

Dans une enquête de CBS, les laboratoires, Ellipse Analytics ont testé les 240 produits CBD les plus vendus, en ligne et chez les commerçants en dehors des dispensaires.

Le laboratoire a recherché la présence de plus de 300 contaminants et vérifié l’exactitude des étiquettes en termes de teneur en CBD. Le résultat est édifiant : 70 % des produits contiennent une part importante de métaux lourds, de pesticides, de moisissure toxique et d’autres composants dangereux pour la santé.

Jason Cranford, producteur de cannabis, explique :

Outre-mer, ils utilisent le chanvre comme culture de couverture. Ils l’utilisent pour absorber les pesticides et les métaux lourds de leur sol pour ensuite replanter des cultures alimentaires. Ces cultures de chanvre sont ensuite importées aux Etats-Unis et les gens font du CBD avec. “

Auparavant, les États-Unis importaient l’intégralité de son chanvre. La grande majorité du chanvre importé provenait de la Chine (premier producteur mondial de chanvre). Cette dépendance commerciale a justement encouragé sa légalisation aux États-Unis.

Le boom du CBD aux États-Unis a attiré toutes sortes d’opportunistes qui n’ont pas forcément comme valeurs la protection des consommateurs.

Le CBD aux USA : “C’est le far West”

Le boom du CBD aux USA c'est encore le "Far West", peu de règles et beaucoup de monde qui court derrière ce nouvel "or vert".

Des années de techniques agricoles modernes ont permis de dompter les cultures de base comme le maïs et le blé. Les agriculteurs savent à quoi s’attendre lorsqu’ils plantent ces cultures et peuvent suivre un ensemble de directives et procédures assez simples lorsqu’ils les cultivent.

Ce n’est pas le cas du chanvre, ni de l’extraction du CBD.

La culture du chanvre ayant été illégale depuis plusieurs années. Les agriculteurs ont gardé le silence sur leurs opérations et ont développé leurs propres techniques qui sont toutes un peu différentes.

La plupart des cultivateurs de chanvre font pousser la plante comme une tomate, un processus coûteux et intensif. Ce modèle fonctionne pour la marijuana, car on veut que la fleur ait une belle apparence et une bonne odeur.

Pour le chanvre qui sera utilisé pour extraire le CBD, ce système est incroyablement coûteux et inutile puisque vous ne vous souciez que de ce qui se trouve à l’intérieur de la fleur, a déclaré Williams.

Les agriculteurs ne peuvent pas savoir combien de THC leurs plantes produisent avant de les récolter, de les sécher et d’en extraire le CBD.

Au cours de ce processus, le THC est entraîné avec le CBD, explique M. Weiblen, au point que la quantité de THC peut dépasser la limite légale.

Avec le boom du CBD aux USA, certains se sont emparés de la tendance et ont pris des raccourcis dangereux.

De nombreuses études, y compris celles des régulateurs fédéraux, ont révélé qu’un grand nombre de produits ne contiennent pas la quantité de CBD annoncée sur l’étiquette.

Chris Padulo, un agriculteur du Vermont qui cultive du chanvre, a envoyé des échantillons à quatre laboratoires distincts et a obtenu des “résultats très différents“.

Un laboratoire a dit que la plante contenait 8 % de CBD. Un autre a dit qu’elle en contenait 16 %. Les deux autres ont dit qu’elle se situait quelque part au milieu.

Les grossistes reçoivent constamment des appels de vendeurs qui demandent à mettre leurs produits sur le marché.

Chris Burton, responsable des partenaires de vente au détail du magasin de CBD en ligne HelloMD, interroge les marques sur l’origine de leur chanvre, la façon dont le CBD est extrait, les résultats de leurs tests en laboratoire, etc.

C’est vraiment le Far West là dehors”

Chris Burton, HelloMD

Certains affirment que leur CBD est le meilleur possible et lorsque vous leur demandez comment ils le savent, ils ne peuvent pas répondre aux questions

Cette “ruée vers le vert” est inquiétante, car les entrepreneurs vont aussi vite qu’ils le peuvent pour mettre des produits sur le marché et ne prennent pas en compte les implications sur la santé, ou la transparence nécessaire, demandée par le consommateur.

Auteurs:
Anais Gibert
Anais Gibert
Responsable de la rédaction chez Greentropics, Anaïs est experte en communication digitale et s'intéresse tout particulièrement aux domaines de la santé et du bien-être. Sa mission ? Contribuer à la démocratisation de l'usage du CBD et du chanvre en produisant des contenus d'information scientifique fiables et compréhensibles de tous.