Des recherches récemment publiées explorent le cannabis dans le traitement de l’anxiété, du TDAH et de la fibromyalgie, ainsi que son potentiel pour réduire l’impact des commotions cérébrales chez les athlètes et dans les soins palliatifs en cancérologie.
Troubles anxieux améliorés grâce au cannabis ?
Des données britanniques montrent que la prescription de médicaments à base de cannabis est associée à des améliorations “cliniquement significatives” chez les patients souffrant de troubles anxieux généralisés (TAG).
Les résultats ont été constatés sur 300 patients inscrits au registre britannique du cannabis médical. Ces derniers ont effectué des rendez-vous de suivi trois, six et neuf mois après le début du traitement.
En comparant la situation avec les symptômes des patients au départ, les auteurs de la recherche évoquent des améliorations de l’anxiété, de la qualité du sommeil et de la qualité de vie ont été observées à chaque étape.
“La prescription de CBMP (Cannabis based medical products) chez les personnes souffrant de TAG (Trouble d’Anxiété Généralisée) est associée à des améliorations cliniquement notables de l’anxiété avec un profil de sécurité acceptable dans un contexte réel”, rapportent les auteurs de l’étude.
Effets positifs chez les patient.e.s atteint.e.s du cancer selon les infirmières
En 2022, l’État américain de Californie a récemment introduit un projet de loi connu sous le nom de “loi de Ryan”, qui permet aux patient.e.s atteint.e.s d’un cancer en phase terminale d’avoir accès à un traitement au cannabis médicinal pendant leur séjour à l’hôpital.
À la suite de la mise en œuvre de ces nouvelles politiques, les chercheurs ont étudié la réaction des infirmières et leur perception de l’impact du cannabis sur les symptômes des patient.e.s.
La majorité d’entre elles se sont senties à l’aise pour appliquer la loi dans leur pratique et ont déclaré que le cannabis médical avait eu un “impact positif”. La plupart d’entre elles ont estimé que les patients avaient “réduit leurs symptômes (anxiété, insomnie, ainsi que douleurs, nausées et anorexie)”.
En France, la Ligue contre le Cancer finance des équipes de recherche concernant les traitements à base de cannabis
Une vraie avancée pour les athlètes victimes de commotion cérébrale ?
Alors que la consommation de cannabis devient de plus en plus courante chez les athlètes à des fins de récupération, des chercheurs ont examiné si une consommation chronique pouvait réduire ou exacerber l’impact d’un traumatisme crânien sous-commotionnel aigu.
L’étude a porté sur 43 joueurs de football adultes qui avaient consommé du cannabis au moins une fois par semaine au cours des six derniers mois.
Ils ont constaté qu’après 20 coups de tête, provoqués par un modèle de coup de tête contrôlé, les degrés d’altération de la fonction oculomotrice [qui contrôle les mouvements oculaires et la quantité de lumière qui pénètre dans l’œil] étaient moindres dans le groupe qui avait consommé du cannabis que dans le groupe de contrôle.
Les chercheurs ont également examiné les niveaux de S100B, un marqueur protéique dont les concentrations élevées sont associées à des lésions cérébrales et à des maladies neurodégénératives.
Les niveaux de S100B ont augmenté de manière significative dans le groupe de contrôle après les coups de tête, alors qu’aucun changement n’a été observé dans le groupe ayant consommé du cannabis.
Les auteurs concluent : “nos données suggèrent que la consommation chronique de cannabis peut être associée à une amélioration de la résistance fonctionnelle oculomotrice et à la suppression de la réponse neuro inflammatoire après 20 coups de tête au football”.
Le THC lié à l’amélioration des symptômes de la fibromyalgie
Des chercheurs allemands ont examiné l’efficacité du THC en tant que traitement chez des patients atteints de fibromyalgie qui recevaient une thérapie interdisciplinaire multimodale contre la douleur.
Au total, 120 patients souffrant de fibromyalgie ont été inclus dans l’étude, dont un peu plus de la moitié (51,7 %) ont été traités au THC. Des améliorations notables relatives à l’intensité de la douleur, la dépression et de la qualité de vie ont été observées chez tous les patients, mais elles étaient “significativement plus importantes” chez ceux les personnes qui avaient reçu du THC.
La dose d’autres médicaments a également été réduite, ou complètement interrompue, chez les patiente.s traités au THC.
Les auteurs déclarent : “les résultats indiquent que le THC peut être considéré comme une alternative médicale en plus des substances précédemment recommandées dans diverses directives”.
Booster la recherche sur le cannabis et le TDAH
Le cannabis est de plus en plus utilisé comme traitement des troubles liés au neurodéveloppement tels que le trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH), malgré le manque de recherches cliniques.
De fait, les chercheurs ont procédé à une analyse systématique des articles publiés au cours des dix dernières années, afin de comprendre la nature de la relation entre la consommation de cannabis et les symptômes du TDAH.
Selon eux, les résultats apportent un nouvel éclairage sur les effets perçus du cannabis sur des symptômes spécifiques et sur les effets modérateurs potentiels du cannabis sur les déficits des fonctions exécutives liés au TDAH, “largement ignorés” par les recherches antérieures.
Cependant, ils ajoutent : “les données disponibles à ce jour ne sont pas concluantes, car elles ne permettent pas de déterminer si la consommation de cannabis a un effet de dépendance ou si elle entraine des interactions bénéfiques ou préjudiciables. Les données sont relativement limitées et des études supplémentaires sont donc nécessaires.”
