Le projet de loi marocain pour légaliser le cannabis médical avance à grands pas

EDIT 15 juin 2021: Le projet de légalisation du cannabis médical adopté au Maroc !

Le texte de loi a été adopté à la majorité par la Chambre des représentants marocaine, ce mardi 15 juin 2021 en deuxième lecture, par 61 voix contre 25.


Le Maroc, pays leader dans la production de cannabis au niveau mondial, a approuvé fin mai 2021, un projet de loi jetant les bases d’une filière du cannabis pour un usage “médical, cosmétique et industriel”. L’usage récréatif resterait toutefois interdit et passible de poursuites. 

Le projet de Loi N°13.21 avait en effet été adopté le 21 mai 2021 à la majorité par la Commission de l’Intérieur, des collectivités territoriales, de l’habitat et de la politique de la ville à la Chambre des représentants, en présence du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit.

Le 26 mai 2021, les députés Marocains ont, eux aussi, validé le projet de loi avec 119 voix pour et 48 voix contre. Le texte doit toutefois être approuvé par la deuxième chambre du Parlement avant d’être ratifié.

Dans ce projet de loi, beaucoup de points sont mis en avant, mais le plus gros argument concerne l’accompagnement des structures illégales déjà en place, notamment dans certaines régions du Maroc, qui produisent déjà d’énormes quantités de cannabis pour le marché noir.

La légalisation de ces espaces, de ces agriculteurs, et la consolidation de la chaine d’approvisionnement aidera économiquement les familles marocaines de ces régions.

Évidemment il y a des défis, notamment sur le prix de vente, sur le marché de distribution, l’importation, etc. Mais les agriculteurs de ces régions se disent sereins de pouvoir légaliser leur activité, et la transmettre à leurs enfants avec fierté.

Des milliers d’hectares dédiés à la culture du cannabis

Il semblerait que plus de 55 000 hectares sont exploités pour la culture du cannabis au Maroc, ce chiffre a été identifié seulement sur l’année 2019, date des dernières statistiques. On peut s’attendre à ce que la réalité soit bien différente.

L’essor grandissant de la considération du cannabis pour des usages thérapeutiques, favorise aussi le royaume marocain, qui, grâce à son territoire et sa géographie, possède des atouts indéniables.

  • Un écosystème propice à la culture de la plante de chanvre
  • La proximité avec le marché européen en plein essor, et offrant une différence notable entre le coût de production et le prix de vente
  • Un savoir-faire ancestral des agriculteurs sur la plante et sa culture

D’après Ismaïl Azza, botaniste, faire la transition vers le cannabis légal sur ces étendues de plantation, ne sera pas compliqué. Il suffira de planter les semences validés par la commission de contrôle, et les agriculteurs feront le reste, fort de leurs connaissances déjà établies.

Favoriser les productions locales

D’après les statistiques nationales, 400 000 personnes, et près de 60 000 familles, vivent de la culture du cannabis sur le pays. Souvent, il s’agit de petits producteurs, qui produisent actuellement dans l’illégalité. Pour eux, c’est leur gagne-pain, une des seules possibilités de générer des revenues pour la famille.

Par ailleurs, la légalisation de la filière devrait aider grandement ces familles dans la perception d’un revenu plus important.

Il semblerait qu’à l’heure actuelle, sur la filière illégale, les producteurs locaux reçoivent environ 4% du chiffre d’affaires final du circuit de distribution.

Avec la légalisation, ce pourcentage pourrait passer a 12%, c’est trois fois plus de revenus pour ces familles du nord du Maroc.

Le projet de loi veut accompagner les producteurs dans la professionnalisation de la filière et de la gestion du circuit de distribution. Pour cela, il recommande aux agriculteurs de s’associer autour de coopératives qui seront ensuite en charge de négocier les contrats de distribution avec les industriels.

Créer un cadre juridique pour la filière du cannabis au Maroc

L’objectif est aussi de créer un cadre juridique pour permettre à l’État de renforcer une culture lucrative actuellement aux mains d’une production illégale qui inonde un marché noir aux mains de trafiquants.

Le texte de loi prévoit surtout de “reconvertir les cultures illicites destructrices de l’environnement en activités légales durables et génératrices de valeur et d’emploi”.

Une production de cannabis qui semblerait atteindre plus de 700 tonnes par an

Selon une étude publiée en 2020 par le réseau indépendant “Initiative mondiale contre la criminalité transnationale organisée”, plus de 700 tonnes de cannabis est produite au Maroc par an, pour une valeur de 23 milliards de dollars (environ 19,2 milliards d’euros).

Si le projet de loi abouti, il permettra aussi la création d’une agence de régulation, chargée de mettre en place un circuit agricole et industriel qui soutiendra et contrôlera toute la chaîne de production, de l’importation des semences jusqu’à la commercialisation.

Avec la consolidation de la filière, ce sont de nombreux emplois à la clef, non seulement en agriculture, mais aussi en logistique, gestion, vente, transport, etc. Des emplois qui sont bienvenus, surtout après la pandémie mondiale de Covid-19 qui a laissé sur le carreau de nombreux jeunes en âge de travailler, et de nombreuses entreprises.

Destination : Europe

Le cannabis marocain, légalisé par son projet de loi, devrait être à destination de l'Europe.

Après analyse du marché mondial du cannabis médical, mais aussi les récents changements apportés au niveau européen, et la flambée de l’attractivité du cannabidiol, le Maroc souhaite être à la hauteur du défi et montrer qu’il sera présent sur la scène internationale.

En ligne de mire, l’Europe et son marché de plus de 300 millions d’habitants, une aubaine, de l’autre côté de la méditerranée.

L’Europe devrait voir augmenter son marché du cannabis légal de 60% par an, pour atteindre 1 milliard de dollars (plus de 800 millions d’euros) de valorisation.

Auteurs:
Anais Gibert
Anais Gibert
Responsable de la rédaction chez Greentropics, Anaïs est experte en communication digitale et s'intéresse tout particulièrement aux domaines de la santé et du bien-être. Sa mission ? Contribuer à la démocratisation de l'usage du CBD et du chanvre en produisant des contenus d'information scientifique fiables et compréhensibles de tous.
References

Global Initiative Against Transnational Organized Crime. Research report “A rising Tide: trends in production, trafficking and consumption of drugs in North Africa”. Mai 2020 pdf https://globalinitiative.net/wp-content/uploads/2020/06/A-rising-tide-trends-in-production-trafficking-and-consumption-of-drugs-in-North-Africa-GITOC.pdf