Selon une récente étude réalisée par l’IFOP, 57% des sondés veulent que les candidats à la présidentielle 2022 se positionnent clairement sur la légalisation du cannabis en France.
À deux mois du premier tour de l’élection, faisons le point sur les opinions des politiciens qui seront soumis au vote en avril à ce sujet. Prohibition, dépénalisation ou légalisation du cannabis : quelle est la tendance de la campagne présidentielle en France ?
2022 et cannabis : une France répressive
Il y a quelques semaines, plusieurs bords politiques s’étaient unis afin de présenter un texte voulant déroger la loi considérant le cannabis illégal en France depuis 1970.
Malgré des débats intéressants au sein de l’hémicycle, l’Assemblée nationale avait rejeté la proposition.
Cet événement symbolise la sévère législation de la France en matière de cannabis, alors que le pays en est, pourtant, le premier consommateur en Europe.
Cette contradiction oblige les candidats à l’élection présidentielle à s’emparer du sujet.
Selon un sondage mené par l’IFOP et publié dans highsociety.fr, de plus en plus de Français et Françaises sont intéressés par l’opinion des politiciens au sujet du cannabis.
Cette tendance est en hausse de 5 points par rapport à la campagne de 2017.
Pour une légalisation du cannabis
Yannick Jadot
Le candidat EELV se prononce en faveur d’une légalisation du cannabis qu’il considère comme une drogue douce. Selon le politicien, cela permettrait de « réduire les risques de maladies et d’addiction, tout en mobilisant les forces de l’ordre sur la répression des drogues dures. »
Jean-Luc Mélenchon
Comme il y a 5 ans, Jean-Luc Mélenchon est favorable à une légalisation du cannabis.
Le leader de la France Insoumise stipule que « la prohibition n’a pas eu les résultats escomptés, gâchant le temps et l’énergie des forces de l’ordre ».
En outre, le candidat à l’élection présidentielle désire mettre en place une campagne de prévention comme c’est le cas pour l’alcool et le tabac.
Philippe Poutou
Le candidat NPA rejoint les dires de Jean-Luc Mélenchon et de Yannick Jadot, en se déclarant lui aussi favorable à la légalisation du cannabis en France.
Philippe Poutou dénonce notamment la répression de l’État français.
Jean Lassalle
Le président du mouvement “Résistons” clame aussi la légalisation du cannabis. Jean Lassalle avait notamment mis en avant sa position dans une tribune publiée dans l’Obs.
Cosigné par une vingtaine d’élus et des médecins en 2020, le texte était intitulé “Après la crise de la Covid-19, il faut légaliser le cannabis, vite !“
La tribune en question avançait notamment des raisons économiques « L’argument économique revient en force à l’heure où nous cherchons des milliards d’euros pour faire face à la crise sanitaire, économique et sociale. La légalisation permettrait en effet de faire rentrer chaque année dans les caisses de l’Etat entre 2 et 2,8 milliards d’euros et elle créerait entre 30 000 et 80 000 emplois, particulièrement dans le secteur agricole ».
Eric Zemmour
Le candidat condamne régulièrement la prohibition du cannabis en France qui « ne fonctionne pas ».
Cependant, Eric Zemmour ne parle pas encore de légalisation totale du cannabis comme Jadot ou Mélenchon, mais évoque « une légalisation organisée ».
Pour une dépénalisation du cannabis
Fabien Roussel et Nathalie Arthaud préfèrent parler de dépénalisation de cannabis plutôt que de légalisation.
En optant pour cette tendance, le candidat du PCF s’aligne sur la politique portugaise qui a dépénalisé le cannabis en 2001.
Depuis, le cannabis, toujours considéré comme un stupéfiant, n’est plus sanctionné pénalement, mais seulement de façon administrative.
La dépénalisation de Roussel assouplirait les mesures de répression du cannabis sans le rendre légal.
Contre une légalisation du cannabis
Marine Le Pen
Contre une légalisation du cannabis, Marine Le Pen souhaite même alourdir les sanctions qui s’appliquent aux consommateurs de cannabis.
Selon la candidate RN aux élections présidentielles, « les conséquences de la légalisation sont négatives. Cela ne fera que déplacer la criminalité. En plus, c’est mauvais pour la santé. »
Valérie Pécresse
La candidate LR rejoint les propos de Marine Le Pen. Selon Valérie Pécresse, la légalisation n’empêchera pas les dealers de « s’approprier un autre produit ».
En outre, elle souhaite casser les procédures judiciaires en se focalisant sur de lourdes amendes pour les usagers de cannabis.
Nicolas Dupont-Aignan
Non seulement le candidat de Debout la France est contre une légalisation du cannabis, mais, en plus, il préconise une répression plus forte. « Je voulais qu’à chaque délit, il y ait une condamnation ».
Dans la lignée des discours de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan estime « Si vous légalisez le cannabis, les trafiquants se mettront sur des drogues plus dures et vous allez favoriser la consommation de produits dangereux ».
Un discours encore confus
Emmanuel Macron
En 5 ans, le président de la République Française a souvent changé de discours sur le cannabis.
Favorable à une dépénalisation en 2016, il a ensuite suivi la ligne illégale prônée par le pays depuis plus de 50 ans.
Non sans assouplissements. Depuis 2020, les consommateurs de cannabis sont seulement assujettis à une amende de 200 euros, contre 3750 euros auparavant.
Anne Hidalgo
Ni légalisation, ni dépénalisation : la maire de Paris préfère évoquer « un plan antidrogue ». Qu’il s’agisse ou non d’une simple stratégie pour se démarquer des candidats en jouant sur la sémantique, la candidate PS rappelle tout de même que « l’économie de la drogue abîme tout ».
Un joint avec Zemmour et Mélenchon ?
L’étude de l’Ifop ne se limite pas seulement à s’interroger sur les opinions des politiques concernant le cannabis.
En effet, les conclusions du sondage estiment que près de 50% des consommateurs de cannabis votent à gauche aux présidentielles françaises.
En allant encore un peu plus loin dans le détail de l’enquête, Jean-Luc Mélenchon serait le candidat le plus apprécié par les consommateurs.
Dans un registre plus léger, l’étude affirme qu’Éric Zemmour est le candidat avec lequel les usagers souhaiteraient le plus fumer un joint.
Dans ce paysage un peu surréaliste s’ajouteraient aussi Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Philippe Poutou.
Et le CBD dans tout ça ?
Impossible de clore cette étude IFOP sans évoquer les résultats concernant les questions autour du CBD.
L’enquête confirme le boom de la molécule non addictive de chanvre en France en soulignant que 77% des sondés connaissent désormais le CBD.
En outre, près de 70% légaliseraient le cannabis à usage thérapeutique.
