L’Assemblée Nationale vient de voter la prolongation de l’expérimentation du cannabis médical. L’étude pourrait inclure les patientes souffrant de douleurs liées à l’endométriose.
Fin septembre, la Direction Générale de la Santé avait décidé de prolonger l’expérimentation du cannabis médical en France. Après la publication des premières conclusions et la communication des rapports au Parlement, l’Assemblée nationale vient d’acter cette décision en votant, en première lecture, le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale (PLFSS) pour 2023.
Il ne reste plus qu’au Sénat de valider le texte.
Une prolongation et des questions
Si la prolongation n’est pas une surprise tant elle était attendue, la récente sortie médiatique du ministre de la Santé François Braun ne va pas apaiser les tensions ressenties chez les associations militant pour le cannabis médical, depuis un mois.
Sur BFM TV, le ministre qui, à titre personnel, n’est pas favorable à la légalisation du cannabis récréatif, n’avait pas l’air plus enchanté par le cannabis à usage médical ou thérapeutique. Selon le politique, la prolongation est aussi justifiée par « l’obligation d’inclure 3 000 patient.e.s ». Ce chiffre interroge, car l’ANSM ne l’a jamais évoqué dans ses objectifs.
Par ailleurs, et c’est là que cela devient intéressant ou alarmant – selon les points de vue -, le politicien de la majorité n’a pas eu l’air de penser à une légalisation possible du cannabis médical, préférant botter en touche en évoquant uniquement « des décisions à prendre » à la fin du processus d’expérimentation.
Pour appuyer sa réflexion qui laisse peu de place à l’optimisme, il évoque « des résultats scientifiques contrastés à l’international ». Là encore, cette déclaration semble hors contexte tant le nombre de pays se tournant vers le cannabis médical n’a cessé d’augmenter ces dernières années.
Dès lors, que penser de cette interview qui n’a pas tardé à enrager la sphère cannabique française ? S’agit-il de brouiller les pistes, car la majorité ne sait toujours pas quel plan mettre en place concernant l’or vert en France ?
Ou est-ce une manière subtile de communiquer aux 300 000 patient.e.s, en attente de traitements à base de cannabis, d’aller chercher une solution ailleurs que sur le territoire national ?
Endométriose dans le viseur
D’un autre côté, la prolongation de l’expérimentation pourrait aussi servir à inclure les « patientes présentant des douleurs neuropathiques liées à l’endométriose », rapporte le Comité de suivi temporaire de l’expérimentation (CST).
Certes, il n’existe pas d’étude clinique importante permettant d’affirmer les bienfaits de la plante sur l’endométriose, mais son utilisation pour atténuer les douleurs existe bel et bien. Selon une enquête menée par EndoFrance auprès de femmes souffrant d’endométriose en France, Italie et Espagne, 12% réduisent leurs douleurs avec du cannabis.
L’association insiste aussi sur les effets positifs du THC alors que les traitements classiques provoquent de nombreux effets secondaires et sont souvent inefficaces.
Face aux symptômes éprouvants provoqués par l’endométriose et symbolisés par des douleurs invalidantes et chroniques (douleurs menstruelles, abdominales, durant les rapports sexuels, en allant aux toilettes, douleurs pelviennes), de plus en plus de femmes consomment aussi du CBD.
Les effets antalgiques et anti-inflammatoires sont avérés par les principales concernées et suggérés par les quelques études cliniques qui ont été publiées sur le sujet.
Étrange mélange de polémiques et de lueurs d’espoir : c’est aussi ça l’expérimentation médicale du cannabis en France
