Un projet de loi visant à légaliser la marijuana en Colombie a été approuvé par la première commission du Sénat. Cette ratification symbolise un peu plus la marée verte qui déferle sur le tout le continent sud-américain, toujours en proie à un fort trafic illégal de marijuana.
Mardi 22 novembre, le projet de loi favorable à une légalisation de la weed en Colombie a été approuvé à 11 votes pour et 4 contre par un comité sénatorial. La réforme suit donc son cours deux mois après la validation de la part de la chambre des représentants.
Un représentant du gouvernement souligne « Nous pensons qu’il est très important que ce pas soit franchi vers un marché responsable, une régulation responsable qui nous permette de sortir de cette ambiance prohibitionniste ».
La future loi de légalisation vise à :
- Soutenir le droit au libre développement de la personnalité permettant aux citoyens de décider de la consommation de cannabis dans un cadre légal réglementé.
- Atténuer les traitements arbitraires, discriminatoires ou inégaux devant la population qui consomme.
- Limiter la possession et consommation publique dans les écoles et lieux publics
- Mener des campagnes d’éducation du public
- Promouvoir des services de traitement de la toxicomanie
Lutter contre la criminalité et le marché illicite
À l’image de son président progressiste Gustavo Petro, la Colombie inscrit ce projet dans une volonté de plaider pour la fin internationale de la criminalisation de la drogue.
Le ministre de la Justice Nestor Osuna souligne que la Colombie a été victime « d’une guerre ratée qui a été conçue il y a 50 ans et, en raison d’un prohibitionnisme absurde, nous a apporté beaucoup de sang, un conflit armé, les mafias et le crime. »
Depuis le début du 20ᵉ siècle, la Colombie mène une lutte acharnée contre le trafic illicite de drogue et de marijuana contrôlé notamment par les cartels.
Le chef de l’État actuel avait prononcé un discours marquant lors d’une réunion des Nations Unies, encourageant les pays membres à se détacher totalement des politiques prohibitionnistes contre la weed.
État des lieux en Amérique latine
Le contexte colombien symbolise l’évolution rapide de la légalisation du cannabis sur l’ensemble du continent. Utilisation de la plante à des fins médicales, dépénalisation de la possession et réglementation de sa culture commerciale sont en vigueur dans de nombreux pays. Beaucoup de territoires mènent leurs directives en se basant sur la politique uruguayenne, pionnière de la légalisation sur le continent.
Paraguay
La conférence internationale sur le cannabis qui s’est tenue à Asunción en juillet aura porté ses fruits. Début novembre, un projet de loi en faveur de la dépénalisation de l’usage et la culture du cannabis a été présenté au Congrès national par le front de gauche.
« Par lequel l’autoculture, la production, l’industrialisation, la commercialisation, l’utilisation et la recherche de la plante de Cannabis et de ses dérivés sont réglementés de manière exhaustive et déclarées d’intérêt national ». Si le projet venait à se confirmer, il s’agirait d’un pas de plus après avoir légalisé la production de cannabis médical.
Uruguay
Le pays est la référence du continent. En 2013, l’Uruguay est l’un des premiers pays au monde à légaliser la consommation récréative et la culture de cannabis. Seuls les citoyens uruguayens sont autorisés à se procurer de l’herbe à travers trois mécanismes :
- Les Cannabis Social Clubs
- L’autoculture
- Les pharmacies
De nouveau, c’est la lutte contre le marché illicite qui a motivé cette politique de légalisation. Mais, selon les données de l’Institut pour la réglementation et le contrôle du cannabis uruguayen (IRCCA), l’offre légale de cannabis est encore trop limitée et seuls 27% des habitants se fournissent légalement.
Pérou
Dans le but de traiter des maladies sérieuses ou en phase terminale, le gouvernement péruvien a légalisé le cannabis médical en 2015. Depuis, certains médecins-chirurgiens sont autorisés à délivrer une ordonnance pour le traitement des patients si la consommation de la plante améliore leur état de santé.
Le CBD est, lui aussi, prescrit sur ordonnance.
Brésil
Le pays est l’un des plus gros consommateurs de la planète. Cependant, la consommation, la vente et la possession de cannabis récréatif sont toujours illégales. Côté médical, la légalisation a été adoptée en 2019. Néanmoins, la loi limite son utilisation à des produits dérivés de la plante venant de l’importation.
La culture à domicile n’est pas encore réglementée, mais les choses pourraient bientôt évoluer. À l’été 2022, trois consommateurs ont été autorisés à cultiver des plants à des fins médicales par la cour de justice brésilienne. Cette décision pourrait bien s’étendre à l’échelle de tout le pays dans des contextes similaires.
Argentine
L’achat et la vente de certaines variétés de graines, de plants et de boutures de cannabis sont autorisés depuis l’été 2022. Le projet reste limité et strictement réglementé. Cependant, il s’agit d’une avancée importante dans un pays connu pour sa forte répression concernant l’usage récréatif.
Côté thérapeutique, un projet de légalisation globale est en cours depuis 2021. Il vise à promouvoir la production, la recherche et la vente de cannabis médical.
En attendant, les huiles de cannabis ont été autorisées à des fins médicinales en 2017. Puis, en novembre 2020, la législation s’est étendue à l’autoculture, ainsi qu’à la vente d’huiles et de crèmes en pharmacie.
Chili
Face à la puissance du narcotrafic, un projet de dépénalisation de tous les usages du cannabis est dans les plans depuis… 2014. Possession personnelle de 10 grammes, auto-culture à des fins médicales font partie des mesures de la possible future loi. L’idée est de proposer une alternative au marché noir et d’affaiblir, dans le même temps, les traficants.
Panama
Le cannabis médical est légal depuis fin 2021.
Vénézuéla et Bolivie
Le cannabis est toujours illégal.
