Un million de plants de cannabis seront distribués aux familles thaïlandaises !
Prononcée par le ministre thaïlandais de la Santé, cette phrase a fait l’effet d’une bombe dans un pays plutôt réputé pour sa répression cannabique. Alors que se cache derrière cette petite révolution du gouvernement et pouvons-nous désormais comparer Bangkok à Amsterdam ? Greentropics.co fait le point sur l’un des dossiers chauds de l’été weed !
Le cannabis n’est plus une drogue en Thaïlande
Depuis 4 ans, la législation en matière de cannabis s’est énormément assouplie. Avant de faire un plus gros saut dans le temps, retour sur les derniers bouleversements cannabiques de ce feuilleton weed thaïlandais.
- 9 juin 2022 : le cannabis est rayé de la liste des produits considérés comme stupéfiants en Thaïlande.
- 10 juin 2022 : date historique. Depuis ce jour, la Thaïlande en finit avec la prohibition ambiante et devient le premier pays à légaliser la culture et la possession personnelle de cannabis à des fins de bien-être et thérapeutique. En d’autres mots, la culture, la possession, la distribution et l’importation du cannabis sont désormais autorisées et réglementées dans le pays d’Asie du Sud-Est et la légalisation à usage médical est confirmée.
La réforme désormais en vigueur, le ministre de la Santé, Anutin Charnvirakul, annonce l’info estivale la plus partagée dans la communauté de l’or vert “chaque foyer aura droit à deux plants gratuits de cannabis, ce qui signifie qu’un demi-million de foyers thaïlandais cultiveront de la marijuana“.
Issara 01 dans ton salon
Pour recevoir les plants, chaque foyer doit au préalable s’inscrire auprès de l’Administration thaïlandaise des aliments et des médicaments (FDA). Cette condition est essentielle puisqu’elle permet d’obtenir un certificat numérique attestant l’autorisation du gouvernement à cultiver chez soi à des fins sanitaires.
Lorsque toutes les conditions sont remplies, les familles sont gratifiées de deux plants d’une variété cannabique nommée Issara 01 et développée par le Département des services médicaux et le Département de l’agriculture. Entre 100 000 et 200 000 plants seront distribués chaque mois jusqu’à la fin de l’année.
Stimuler l’économie du pays
Le but de la manœuvre est de relancer l’économie thaïlandaise, durement touchée par la pandémie de Covid. “Cela permettra à la population et au gouvernement de générer plus de 10 milliards de bahts (soit 300 millions d’euros) de revenus à partir du cannabis et du chanvre”, souligne le gouvernement.
Si les objectifs économiques sont clairs, il y a aussi l’idée de promouvoir et de faire profiter à tout le pays les bienfaits d’une plante totalement locale.
Par ailleurs, le gouvernement souhaite mettre en valeur un cannabis à des fins de culture commerciale afin de “développer la marijuana et le chanvre à des fins médicales et de santé, mais aussi de développer nos technologies et de créer des revenus pour le public.”
Un contexte de dépénalisation depuis 2018
Le contexte entourant la dépénalisation de l’or vert en Thaïlande s’explique par l’action du ministre de la santé Anutin Charnvirakul. Voilà 4 ans que ce Chef du Bhumjaithai party, un parti majeur du gouvernement de coalition thaïlandais, milite en faveur de la légalisation de la production pour soutenir les millions d’agriculteurs du pays.
En 2018, les bases de ce processus sont posées : la Thaïlande devient le premier pays d’Asie à dépénaliser la production et l’utilisation du cannabis à des fins médicales et de recherche. Depuis, tout s’est accéléré pour le résultat que nous connaissons.
D’un point de vue médical, les soins à base de cannabis concernent les traitements de trois pathologies :
- Cancer
- Sclérose en Plaque
- Épilepsie infantile
Par ailleurs, cette dépénalisation a aussi permis à la Thaïlande d’enfin dissocier le CBD du THC et de prescrire le cannabinoïde pour soulager certains problèmes de santé.
Est-ce que je peux fumer un joint sur une plage de Thaïlande ?
Officiellement, seul le cannabis médical est accepté, mais, officieusement, le cannabis récréatif semble aussi s’implanter tout doucement. Selon nos sources, de nombreuses boutiques vendent aussi bien du THC que du CBD, profitant du flou juridique entourant cette facette de la weed.
En bref, le gouvernement mise sur le cannabis médical, sanctionne le récréatif, tout en fermant les yeux sur un certain commerce de marijuana fortement dosée en THC.
Les exemples contradictoires ne manquent pas :
- 4 000 personnes condamnées pour des infractions relatives au cannabis ont vu leur peine s’annuler ;
- Des dizaines de produits dérivés à usage récréatif sont apparus comme les gâteaux saveur haschich, les thés à la weed ou les bonbons parfumés à la ganja :
- Dans le même temps – et toujours officiellement -, le fait de fumer dans un espace public est encore sanctionné par 678 euros d’amende, voire trois mois de prison ;
- Son usage doit se faire entre les murs de la maison tant que le foyer dispose d’une licence (certificat numérique évoqué plus haut) accréditée par le ministère de l’Agriculture. Si un foyer se fait prendre sans avoir d’autorisation de l’État, l’amende s’avère très salée (entre 600 et 8 000 euros).
Ces amendes rappellent la part la plus sombre de la Thaïlande qui était, jusque-là, surtout reconnue pour sa répression généralisée et sa prohibition extrême. Il y a encore quelques années, le cannabis rimait essentiellement avec peines de prison.
Vers une légalisation totale de la weed ?
Malgré le flou et les sanctions qui régissent encore le cannabis récréatif, la position plus souple à l’égard du cannabis médical sonne comme un juste retour des choses. De fait, le cannabis est une plante qui se consomme depuis des siècles dans le pays.
Les vertus thérapeutiques de la plante soulageaient, à l’époque, les douleurs des agriculteurs après une rude journée de travail et les femmes lors de leur accouchement.
D’ailleurs Charnvirakul persiste et signe. Selon lui, la légalisation du cannabis avantagerait le pays dans sa globalité. C’est pourquoi un projet de loi est à l’étude afin de légaliser dès 2023 les graines et les bourgeons de la plante.
Dès lors, le pays basculerait encore un peu plus dans une ambiance tolérant une consommation récréative.
