Révolution cannabique aux USA ?

USA cannabis

Origines racistes de la DEA et amnistie fédérale pour les infractions de simple possession de cannabis. Tombées coup sur coup aux USA, ces deux informations ont fait grand bruit dans la sphère cannabique internationale. Les répercussions ont même agité les cours de l’industrie de la marijuana en bourse, le tout, à quelques semaines des élections de mi-mandat dans le pays de l’Oncle Sam. Rappel des faits.

Origines racistes de la DEA

Les responsables du musée de l’Agence antidrogue étasunienne (DEA) reconnaissent que la création de la structure au début du 20ᵉ siècle a été motivée par des considérations raciales et politiques.

À cette époque, il y a plus de 100 ans, les politiques nord-américaines commencent à prendre des mesures concernant la consommation de certaines drogues. Un des historiens du musée rapporte dans Newsweed Le regard du public sur la dépendance a changé. L’augmentation de l’usage non médical – ainsi que les préjugés raciaux, ethniques et de classe – ont affecté l’opinion publique. Ce qui avait été une condition médicale est devenu déviant ou criminel. Ce changement a conduit à une vague de lois contre l’héroïne, la marijuana et la cocaïne. »

Dès lors, les premières mesures de prohibition des drogues du gouvernement, via la DEA, ont été vite associées à une discrimination systémique, alliant la consommation d’opium et d’autres drogues à des préjugés raciaux et ethniques.

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Joe Biden en mode rédemption

Biden demande pardon

« Comme je l’ai déjà dit, personne ne devrait être emprisonné pour avoir utilisé ou possédé du cannabis. Aujourd’hui, je prends des mesures pour mettre fin à notre approche ratée. Permettez-moi de les exposer ».

Si Twitter est scruté de près par des millions d’utilisateurs, c’est notamment pour ce genre de déclarations. Visant à gracier les personnes condamnées au niveau fédéral pour simple possession de cannabis, l’annonce de Joe Biden a fait le tour du monde.

Pour le président démocrate, point de récupération politique, mais bien le fait de tenir une promesse de campagne qui lui tient à cœur.

Triple objectif

  1. Amnistier 6 500 personnes condamnées entre 1992 et 2001, ainsi que des milliers de condamnés dans le district de Columbia.
  2. Demander aux gouverneurs d’appliquer la même amnistie aux condamnations d’Etat.
  3. Re classifier le cannabis dans la loi fédérale.

Rédemption de Biden

À l’instar du LSD et de l’héroïne, la marijuana est classée dans les drogues de catégories 1, rappelle The Guardian. À titre de comparaison, la cocaïne est une drogue de catégorie 2 aux yeux de la justice étasunienne.

Par ailleurs, le président lui-même, en 1994, avait participé à la rédaction du Violent Crime Control and Law Enforcement Act, symbole de la répression contre la drogue aux USA et élément judiciaire central conduisant à l’incarcération de multiples citoyens pour simple possession de drogue.

« C’était une erreur d’adopter ces lois relatives aux drogues. », déplore le président démocrate.

Une amnistie dans chaque État ?

À 4 semaines des élections de mi-mandat, l’annonce vise aussi à rallier le vote démocrate et celui des jeunes. Selon les derniers sondages, deux tiers des Américains sont favorables à la légalisation de la marijuana. Et si cette déclaration plaçait définitivement la sphère verte au cœur des considérations publiques et politiques ?

Pour cela, Biden invite aussi tous les gouverneurs à changer de position au niveau des États. Si les politiciens démocrates devraient se ranger derrière la décision du président et imiter de nombreux états ayant déjà choisi la voie de la légalisation comme New-York, certains se voient limiter par leur propre loi d’Etat ne permettant pas d’accorder de grâce massive à certains groupes de condamnés comme en Louisiane, au Minnesota ou au Kansas.

Records en vue pour les actions placées dans l’industrie du cannabis

Par ailleurs, le dialogue s’annonce plus difficile avec les gouverneurs républicains. « Je ne pense pas que cela va atteindre un niveau de préoccupation suffisamment élevé à court terme, et probablement même pas à plus long terme. Les lignes de bataille se sont durcies en ce qui concerne les enjeux de cette élection. … Les républicains font campagne sur les questions économiques et la sécurité publique », souligne un stratège politique républicain.

Bourse en folie

Quand un secteur tel que la marijuana pèse 33 milliards de dollars aux USA, les répercussions en bourse ne tardent pas à se faire ressentir. Les actions des entreprises de marijuana ont rapidement enregistré des gains records à Wall Street.

« C’est une énorme nouvelle – la plus grande étape sous le gouvernement de Biden jusqu’à présent sur la réforme fédérale du cannabis », déclare la société américaine de cannabis Cresco Labs CRLBF dont les actions ont bondi de 24,4%.

Quant aux actions du FNB AdvisorShares Pure US Cannabis ETF MSOS, elles ont aussi augmenté de 34%. Une dizaine d’exemples sont cités dans cet article de Crumpe.

Cet impact financier pourrait bien se convertir en argument de poids au moment de voter pour ou contre la légalisation de la marijuana à des fins récréatives dans 5 États. Les électeurs de l’Arkansas, du Missouri, du Maryland, du Dakota du Nord et du Dakota du Sud sont invités à se prononcer lors des élections de mi-novembre. Pour rappel, 19 États autorisent déjà légalement ce type de consommation comme la Californie ou la Caroline du Sud.

Auteurs:
Vincent Grethen
Vincent Grethen
Rédacteur web et expert en contenu digital, Vincent se met au service de l'or vert afin de répondre aux interrogations des lecteurs de Greentropics !