Le 8 décembre, c’est la journée mondiale consacrée au climat. Cette année, ce rendez-vous coïncide avec le lancement de la COP15 Biodiversité qui se tient à Montréal. Deux événements importants qui rappellent la nécessité de prendre soin de notre planète. Deux événements et une même occasion d’expliquer pourquoi le chanvre doit être un acteur majeur de la transition écologique.
Le chanvre utile en période de changement climatique
Résistant aux conditions extrêmes
Comme toute espèce végétale, le chanvre, devrait, à première vue, souffrir du réchauffement climatique. Cependant, il s’avère que la plante résisterait beaucoup mieux que d’autres aux conditions climatiques extrêmes. Alors que le monde craint de plus en plus les épisodes de sécheresse et de pénurie d’eau, miser sur le développement de la filière chanvre prendrait encore plus de sens.
En effet, la plante s’avère très résistante à la sécheresse et aux canicules. Dans certaines régions, la culture de chanvre se réalise même sans irrigation, tant le besoin en eau est mineur par rapport à d’autres cultures, comme le coton. Par ailleurs, bien que la plante préfère les terres profondes, le chanvre se développe dans tous les types de sols.
Gros piège à carbone
Pratique pour s’adapter aux changements climatiques, le chanvre pourrait être crucial afin de les anticiper. Selon Darshil Shah, chercheur au Centre for Natural Material Innovation de Cambridge, et les scientifiques d’Hudson Carbon, un centre de recherche qui étudie le stockage du carbone, le chanvre est plus efficace que les arbres quand il s’agit d’absorber le dioxyde de carbone.
« En gros, si les États-Unis cultivaient 50 millions d’hectares de chanvre, nous séquestrerions quelques centaines de millions de tonnes de carbone par an sur cette superficie », a déclaré Ben Dobson, fondateur et président d’Hudson Carbon ; une déclaration reprise par blog-cannabis.
Mieux, la sous-espèce de la plante de cannabis absorbe aussi d’autres métaux aux effets cancérigènes comme le mercure ou le plomb, selon les conclusions de cette étude publiée en 2019.
Énergie renouvelable
Chauffage naturel
La crise énergétique a des conséquences directes sur la flambée des prix des granulés ou pellets de bois. Alors que l’alternative devenait de plus en plus tendance dans le secteur du chauffage, les industriels ont dû se tourner vers d’autres solutions.
Le chanvre pourrait bien s’imposer comme nouvelle matière première afin de fabriquer des pellets. Beaucoup plus rapide à faire pousser, le chanvre démontre aussi des qualités égales ou supérieures aux granulés de bois.
Moins chère à produire et totalement renouvelable, la plante a de quoi séduire celles et ceux qui cherchent à se chauffer leurs habitats, tout en préservant l’environnement.
Biocarburant
Actuellement, le maïs et la canne à sucre sont utilisés pour produire l’éthanol. Grâce à sa composition à 80% de cellulose, le chanvre pourrait aussi devenir la matière première du biocarburant. De fait, cette matière contenue dans la membrane des cellules végétales tient un rôle majeur dans le processus de cellulolyse permettant la fabrication de l’éthanol.
Hydrogène
Le chanvre peut se transformer en énergie verte. Tel est l’objectif de la Start Up française Quairos Énergie qui compte cultiver la plante pour en obtenir de l’hydrogène.
Considérée comme l’énergie du futur par de nombreux spécialistes, l’hydrogène peut contribuer à décarboner de nombreux secteurs industriels. Ce gaz est l’un des éléments chimiques les plus abondants de l’univers et il contient plus d’énergie que le pétrole, que le gaz naturel et que l’essence.
Ces formidables propriétés énergétiques attisent les convoitises de la France pour aborder la transition énergétique.
Originaire de la Sarthe, l’entreprise française va profiter de 1000 hectares de chanvre récemment plantés dans la région afin de les transformer en hydrogène vert. « Pour être propre, ça dépend de son mode de production.
Si on produit de l’hydrogène avec du charbon ou du pétrole, l’hydrogène ne sera pas très propre. Avec le chanvre, c’est un cycle très court du carbone, ça pousse en trois mois et demi. En plus, c’est une graine pour nourrir les animaux », détaille Jean Foyer, président de Quairos Énergies sur Francebleu.
L’objectif est de pouvoir généraliser les véhicules à hydrogène, mais aussi de pouvoir s’en servir comme mode de chauffage dans les bâtiments.
Textile écoresponsable
L’industrie du textile – fast fashion et grands couturiers inclus – se tournent de plus en plus vers des matières écoresponsables pour réduire leur impact sur l’environnement. Matière végétale, naturelle, nécessitant peu d’eau, les fibres du chanvre cochent toutes les cases.
C’est cette logique environnementale qui remet le chanvre au centre des intérêts des grandes marques, car la matière avait été utilisée pendant des siècles dans le monde du textile avant de disparaître pour des coûts élevés de transformation.
Aucun besoin de désherbage ni de pesticides, le chanvre compose des vêtements résistants, hypoallergéniques, thermorégulateurs, isolants et biodégradables. Tous ces points forts font du plus vieux textile du monde un nouvel élément clé de la sobriété énergétique.
Ci-dessous, retrouvez un reportage sur la culture du chanvre industriel à des fins de textile diffusé sur Arte
Un marché à 18,7 milliards de dollars d’ici à 2027
Les thématiques et exemples cités ci-dessus ne sont qu’un aperçu de tous les bénéfices de la plante. En tout cas, ils reflètent parfaitement le contenu du rapport sur l’industrie publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED).
Le document relate de multiples mesures à prendre pour que les gouvernements puissent bénéficier des avantages économiques du chanvre. De fait, les conclusions soulignent que la valeur du marché du chanvre pourrait quadrupler en 5 ans pour atteindre les 18,7 milliards de dollars d’ici à 2027.
Bien que les bénéfices s’annoncent juteux, une clarification du statut juridique en tant que produit non toxique du chanvre est primordiale aux quatre coins du monde. En outre, les contrôles gouvernementaux stricts, l’obligation d’imposer des contraintes de production et de développer des stratégies de coopération régionale sont aussi mis en exergue dans le rapport.
Selon la Conférence, l’industrie du chanvre doit se soumettre à une série d’améliorations dans les années à venir :
- Avoir plus de transparence concernant les données de production, le prix et les composants des produits du chanvre
- Plus d’accès à l’information par rapport à tous les aspects des produits dérivés
- Mettre les considérations environnementales et sociales au cœur du succès de la politique de chanvre
- Imposer une stratégie industrielle globale
Pour finir, il est important de rappeler que le chanvre peut aussi s’utiliser dans les secteurs de la construction, des cosmétiques ou encore de l’alimentation.