CBD et cannabis médical trop encensés ?

cannabis médical

Voilà des années que le cannabidiol et le cannabis médical font les gros titres pour leurs vertus thérapeutiques. Mais selon une méta-analyse récente venant de Suède, le cannabis bénéficierait d’une couverture médiatique TROP positive, et ce, quel que soit le résultat clinique.

Bienfaits pour le corps et l’esprit. Soulage les maux physiques. Réduit le stress. Apaise les douleurs liées aux symptômes du cancer et des pathologies graves. Depuis quelques années, le cannabidiol et le cannabis de manière générale sont régulièrement mis en avant pour leurs vertus thérapeutiques dans les revues scientifiques, les sites et les forums spécialisés.

Cet enthousiasme – excessif ? – est aujourd’hui contrasté par une méta-analyse réalisée par les chercheurs du Karolinska Institutet en Suède

Sonnette d’alarme

Les scientifiques suédois ont de nouveau analysé 20 essais cliniques publiés ces dernières années. Tous concernent la relation douleur et cannabis. En tout, ces études ont touché 1500 personnes.

Selon l’équipe suédoise, les conclusions desdites études affirment que le placebo et la substance cannabinoïde active ont provoqué un effet similaire de soulagement aux douleurs. Pourtant, chaque étude aurait reçu, après publication, un traitement plus positif au sujet des effets du cannabis.

cannabis ou placebo
Le cannabis médical assimilé à un placebo ?

Les conclusions ne sont pas toujours bien évaluées par les médias, préférant encenser uniquement les bienfaits de la plante, sans réellement analyser de près les réels résultats.

Altmetric

La méta-analyse s’est basée sur 136 articles publiés sur diverses plateformes, tout en utilisant Altmetric, un outil permettant d’évaluer les mentions d’un sujet précis dans les médias ou sur les réseaux sociaux.

Les publications ont été classées selon la manière dont les résultats ont étés introduits (positive, neutre, négative).

Filip Gedin, chercheur postdoctoral au département des neurosciences cliniques du Karolinska  souligne : « ces études bénéficient d’une couverture médiatique importante, quels que soient les résultats cliniques ».

Par ailleurs, il constate que les « études sur le cannabis sont souvent décrites en termes positifs dans les médias, quels que soient leurs résultats ».

Ce contexte est « problématique », car une certaine exagération des avantages tend à minimiser les inconvénients qui deviendraient « plus faciles à tolérer ».

Le constat s’observe dans tous les pays et notamment dans une période actuelle qui a vu la plante de chanvre se défaire petit à petit de ses stéréotypes psychotropes.

Entre le boom du cannabidiol et les projets de légalisation du cannabis médical qui ne cessent de s’imposer aux quatre coins du monde, l’heure est à la folie verte.

Sonnette d’alarme légitime ?

Extrêmement intéressantes, ces conclusions rappellent que l’analyse scientifique a aussi émis des doutes sur l’efficacité analgésique du cannabidiol ou du cannabis ces dernières années.

Par exemple, une enquête présentée lors de la réunion annuelle de la société américaine d’anesthésie 2022 a révélé que les personnes consommant du cannabis après chirurgie souffriraient encore plus.

Étude contrôlée par des scientifiques
Ni blanc ni noir : il reste encore beaucoup d’aspects à découvrir sur l’efficacité du cannabis médical.

Une autre étude australienne publiée dans le journal Of Clinical Oconlogy révèle que l’huile de CBD ne soulage pas les patients en soins palliatifs souffrant d’un cancer très avancé.

Il n’y a pas eu de changement sur « l’état émotionnel, la qualité de vie globale, la fatigue, les nausées et les vomissements, la dyspnée ou la perte d’appétit » des 144 patients participant à l’essai.

Cannabis et médecine : un sujet complexe

Selon le Département d’informatique médicale et d’épidémiologie clinique de l’Université de la santé et des sciences de l’Oregon, il n’est pas toujours simple de déterminer les réels effets antidouleur ou non du cannabis en raison d’un manque de données sur les méthodologies utilisées et l’inefficacité des recherches menées sur le sujet.

Par ailleurs, l’émission La Science CQFD de France Culture avait d’ailleurs consacré un épisode à ce sujet il y a quelques semaines. Intitulé Cannabis médical : si on se plantait, le programme avait mis en exergue toute la complexité thérapeutique du cannabis.

Nicolas Authier, président du Comité scientifique de l’ANSM sur l’expérimentation du cannabis à usage médical en France, avait tenu des propos très évocateurs : « Ce n’est pas parce que la substance cannabinoïde active s’accroche aux récepteurs de notre système endocannabinoïde qu’il y aura forcément une efficacité thérapeutique.

Très souvent, dans le monde du cannabis, nous faisons des raccourcis, symbolisant notre tendance à extrapoler des résultats qu’on observe chez les animaux à l’être humain.

Cependant, ce n’est pas comme cela que ça marche. Il est important de rappeler que nous ne maîtrisons pas encore tout sur le cannabis médical. La pharmacologie est très complexe ».

Cette analyse ne vise pas à remettre en cause les bénéfices de la plante qui ont été maintes fois avérés. Néanmoins, il est primordial de ne pas considérer le cannabidiol ou le chanvre comme des produits miracles. La nuance est certainement la position la plus juste concernant le cannabis et ses effets.

Auteurs:
Vincent Grethen
Vincent Grethen
Rédacteur web et expert en contenu digital, Vincent se met au service de l'or vert afin de répondre aux interrogations des lecteurs de Greentropics !